Dans la vidéo, le champion français porte un short noir. Je vous conseille de lire d’urgence l’hommage à Raymond Famechon chez Cohen & Cohen. Vous découvrirez le parcours d’un as du ring et une superbe plume, celle d’Isabelle Mimouni. Un style élégant, à la fois violent et plein de mélancolie.
Raymond Famechon
Né le 8 novembre 1924 à Sous-Bois Maubeuge (France)
Mort le 21 janvier 1978
Taille 1,64 m
Poids léger
Combats 116
Victoires 100
Victoires par K.O. 27
Défaites 13
Matchs nuls 3
Je ne suis pas né de la dernière pluie pourtant je ne connaissais par Raymond Famechon qui a transformé son prénom en Ray pour s’américaniser. Avec un peu plus d’aplomb, il aurait opté pour Ray Sugar Famechon qui rime avec Robinson.
Donc Ray Famechon (1924-1978) est le plus grand poids plume français de l’Histoire, invaincu dans les rangs amateur.
Le Nordiste a eu aussi une brillantissime carrière chez les professionnels au cours de laquelle il a été champion d’Europe de sa catégorie. Ses deux plus grandes désillusions sur le ring, il les a connues lors d’une double tentative pour devenir champion du monde, une fois aux Etats-Unis et une autre fois en France.
Sa reconversion fut un autre combat, beaucoup plus douloureux qu’une pluie de coups en plein visage.
Sur le ring, il pouvait tout esquiver ou encaisser. Dans la vie, il était perdu tel un naufragé. Homme sans gouvernail.
Quand il a retiré pour toujours ses gants de boxe, on le retrouve à la tête d’une mercerie à Montmartre. Peu doué pour le commerce, Raymond Famecho fait faillite et se voit obliger de vivre d’expédients.
Loin de la caricature des boxeurs, il ne fréquente pas la pègre, ne boit pas, ne fume, ne mène pas une vie de débauchée auprès des femmes. Il y a de L’Idiot de Dostoïevski chez lui.
Réduit au rang de balayeur à la Gare de Lyon, il se laisse aller à dérober le sac d’une dame qui l’avait posé sur le banc auprès d’elle sans trop le surveiller. Reconnu coupable du vol des 4 000 francs de la «femme de ménage», il plongea encore un peu plus dans la déchéance. Jamais il ne se doutait qu’il avait dérobé une telle somme. Son geste de désespoir provoqua la clémence du juge qui ne le condamna qu’à une amende et un emprisonnement avec sursis. Pompiste dans une station-service de Chelles, puis laveur de carreaux à l’ORTF dans les années 70, le plus grand poids plume français a fini clochard avec pour seule habitation des cartons ramassés à la Samaritaine. On le retrouva mort sur le macadam le 29 janvier 1978. Aujourd’hui, sa tombe n’existe déjà plus.
Tout ce que je viens de vous résumer est admirablement raconté dans la biograhie romancée du champion signée par Isabelle Mimouni. Pas un instant, on ne se dit : « Bon sang ! mais c’est une femme qui écrit cela… » Ma remarque n’est pas celle d’un misogyne. Je salue ici le talent de conteur d’un écrivain qui raconte sans pathos la vie d’un grand champion de boxe. Le destin de Raymond Famechon mérite un film, tant il est extraordinaire : au début, il hésita entre football et boxe. Il fit le bon choix. Le livre explore ses rapports avec sa femme, une boxeuse de mots qui a souvent mis K.O. son mari qui était un agneau dès qu’il déposait les gants. Quand il ne parvint plus à se relever, elle le laissa au sol, sans même le compter comme un arbitre.
Il y aussi, leur fils. Là, je préfère ne rien dire : cependant comment un fils ne peut-il pas admirer un père aussi exceptionnel ? Trop pur dans un monde de calculateurs qui assurent leurs arrières, le grand champion n’a pas tiré gloire d’une carrière professionnelle pourtant lumineuse : 100 victoires en 116 matchs !
Je ne connaissais par Raymond Famechon mais je ne suis pas près de l’oublier grâce à Isabelle Mimouni qui a arraché le champion de boxe aux griffes de l’atroce oubli. Famechon n’a même plus de dernière demeure. Il ne reste plus rien de son passage sur terre. Je lui fais une place dans mon cœur. Il incarne les grandes valeurs du sport. Dans ce domaine, comme dans les autres, il y a deux catégories: ceux qui savent se vendre comme Picasso et ceux qui ne savent pas faire fructifier leur talent comme van Gogh.
-L’Obscure Splendeur de Raymond Famechon, d’Isabelle Mimouni. Cohen & Cohen, 102 p., 13 €
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